Le 12 mai 1517, Jehan du Boys, clerc de Romans-sur-Isère et notaire delphinal, a authentifié par acte notarié un miracle s’étant produit au Mont-Calvaire.
Voici comment se sont déroulés les faits :
Le 12 mai 1517, Messieurs les Consuls de la ville de Romans-sur-Isère ont été informés que noble Henry Vincent, habitant de la ville delphinale de Moirans, au diocèse de Grenoble, fut arrivé avec sa femme, son fils âgé de deux ans environ et sa nourrice pour rendre grâces et louanges à Dieu et à la dévote croix du Mont-Calvaire d’un beau et excellent miracle que notre Seigneur avait fait sur le dit enfant.
Après avoir accompli le voeu par lui promis, noble Henry Vincent s’est transporté au logis du Chapeau Rouge de Romans-sur-Isère, accompagné de sieur Jacques Reymond, premier consul, de sieur Guilhaume Foret, conseiller, et de moi, notaire soussigné.
Monsieur le Consul, en présence des témoins, a demandé s’il était véritable ce qu’on leur avait donné à entendre de la grâce de Dieu et du miracle qu’avait reçu son fils.
Alors, le bon gentilhomme affirma qu’il en dirait la réelle vérité et non autre chose.
Il expliqua qu’un jour son fils tomba en si grande maladie qu’à la fin on l’avait tenu pour mort. Un religieux de Saint-François nommé frère Jehan du Puy, accompagné d’autres frères du même ordre, lui avait fait le signe de la croix pour le rendre à Dieu. Alors, l’enfant fut couvert d’un linceul plié comme il est coutume de couvrir les trépassés quand ils ont rendu l’esprit.
Puis, le frère Jehan du Puy et ses compagnons allèrent en leur couvent de Moirans pour faire faire la fosse de l’enfant.
Bientôt après, vinrent en la maison de noble Henry Vincent grande compagnie de femmes, pour consoler la mère et donner de l’eau bénite sur l’enfant.
Il sortit de la chambre, bien dolent et marri, et s’en retira en une autre chambre de sa maison en laquelle, soudainement, lui vint en mémoire qu’il avait ouï-dire que la croix qu’on avait érigé au Mont-Calvaire de Romans-sur-Isère faisait de grands miracles et grâces à ceux qui s’y rendent de bon coeur.
Par quoi, tout de grâce ardente et le coeur frémissant, il fit prière à Dieu que pour le mérite de sa douloureuse passion, il lui plut de rendre santé et vie corporelle à son fils.
Et il le ferait porter à Romans-sur-Isère pour rendre grâce et louange à Notre Seigneur devant la dite croix du Mont-Calvaire. Et il offrirait une image de cire pesant deux livres.
Sur ce, il revint toujours dolent et marri dans la chambre de l’enfant et, étant assis à le regarder, il s’aperçut qu’on avait placé une croix sur le linceul, puis une autre, et il en compta jusqu’à huit. De quoi émerveillé, il s’enquit de cela vers ceux de la maison mais ne trouva personne qui sut dire qui l’avait fait.
En s’approchant pour voir si c’était de la peinture ou quoi et renversant le linceul, il trouva autant de croix que de l’autre côté.
Alors, la mère de sa femme, qui était présente, dit que c’était un miracle de Dieu.
Tout après et environ quatre ou cinq heures après que le frère Jehan du Puy avait fait le signe de la croix, l’enfant revint en convalescence et bonne santé, comme il l’est encore.
Pour accomplir ce qu’il avait promis à Dieu qui avait exaucé son humble prière et petite requête, il était venu à Romans-sur-Isère avec sa femme, l’enfant et sa nourrice, et avait rendu à Dieu le linceul que sa femme avait mis en lessive mais où les empreintes des dites croix y paraissaient encore.
Il offrit aussi l’image de cire qu’il avait promise.
Ces choses ouïes et entendues par Monsieur le Premier Consul, nous en avons fait acte en présence de Guigue de Saint-Jehan, de Sassenage, et de Jehan Cybert, de Hauterives.
Et moi, Jehan du Boys, clerc de Romans-sur-Isère et notaire delphinal, ayant été présent quand les choses ont été relatées et après que la femme de noble Henry Vincent m’ait certifié qu’il en a été ainsi, ait signé ce présent acte.
Sources : Bulletin de la Société d’archéologie et de statistique de la Drôme, Tome XVI, 1882